Une trésorerie excédentaire est le signe d’une entreprise en bonne santé.
Elle offre de la sérénité au dirigeant, permet de saisir les bonnes opportunités et d’anticiper les imprévus sans stress. Bien gérée, elle devient un véritable levier pour sécuriser l’avenir, booster la croissance et maximiser les profits… à condition de savoir comment et où l’investir.
Sommaire
Qu’est-ce que l’excédent de trésorerie et pourquoi le placer ?
Déterminer la trésorerie réellement excédentaire : le rôle du BFR
Et si votre niveau de trésorerie est en dessous de ce seuil ?
Utiliser la méthode DCA (Dollar Cost Averaging)
Cartographie des placements par horizon de placement
Cas pratiques selon profils d’entreprise
Bonnes pratiques et erreurs à éviter
Recommandations concrètes de mise en œuvre
Qu’est-ce que l’excédent de trésorerie et pourquoi le placer ?
L’excédent de trésorerie d’une entreprise (la liquidité disponible au-delà de ses besoins de fonds de roulement) représente un capital dormant qu’il convient de valoriser. Au lieu de laisser ces liquidités inactives, une gestion proactive permet de générer un revenu supplémentaire ou de soutenir de futurs investissements. Comme pour un particulier, l’entrepreneur définit d’abord son horizon de placement, son profil de risque et ses exigences de liquidité. Ces trois critères clés (horizon, risque, liquidité) guident le choix des produits financiers adaptés.
Les entreprises disposent d’une large palette d’outils pour placer leurs excédents (comptes à terme, fonds monétaires, contrats d’assurance, produits immobiliers ou actions, etc.). Placer intelligemment sa trésorerie nécessite de segmenter les montants selon les projets : une partie en liquidités sécurisées pour les besoins court terme, et une partie sur des supports plus dynamiques pour valoriser à long terme. Cette démarche s’apparente à une « gestion de portefeuille » d’entreprise, combinant différents véhicules (comptes bancaires, OPCVM, assurance-vie, SCPI, investissements financiers ou immobiliers) selon le couple rendement/risque/liquidité souhaité.
Déterminer la trésorerie réellement excédentaire : le rôle du BFR
Avant de penser placement, il est essentiel de déterminer la trésorerie vraiment disponible, c’est-à-dire au-delà du besoin de fonds de roulement (BFR).
Qu’est-ce que le BFR ?
Le BFR correspond au montant que l’entreprise doit toujours avoir en trésorerie pour couvrir le décalage entre dépenses (achats, salaires…) et encaissements (paiement des clients) liés à son activité courante.
Formule simplifiée :
BFR = stocks + créances clients – dettes fournisseurs
Un BFR positif signifie que l’entreprise doit financer ce décalage avec sa propre trésorerie. Un BFR négatif, plus rare, indique que l’entreprise perçoit ses paiements avant de devoir payer ses fournisseurs.
Exemple de calcul : société d’informatique (B2B)
Prenons une PME informatique :
- Créances clients : 120 000 € (paiement à 60 jours)
- Dettes fournisseurs : 20 000 € (paiement à 30 jours)
- Pas de stocks
👉 BFR = 120 000 – 20 000 = 100 000 €
Cela signifie que l’entreprise doit maintenir au moins 100 000 € sur ses comptes pour faire fonctionner son activité sans rupture de trésorerie.
On peut aussi exprimer ce besoin en jours de chiffre d’affaires :
Si le chiffre d’affaires est de 600 000 €/an, le BFR représente 60 jours de CA :
BFR en jours = (100 000 / 600 000) × 360 = 60 jours
⚠️ Ce montant n’est pas plaçable : il constitue un socle de sécurité opérationnelle. Seule la trésorerie excédant ce seuil peut être investie.
Et si votre niveau de trésorerie est en dessous de ce seuil ?
Dans ce cas, l’objectif sera d’abord de constituer votre réserve, c’est-à-dire d’atteindre au moins le montant du BFR. Pour cela, vous pouvez mettre en place une stratégie d’épargne indolore mensuelle. Il s’agit de prélever chaque mois un montant fixe, raisonnable, en fonction du chiffre d’affaires ou de la rentabilité, pour constituer progressivement votre trésorerie de sécurité.
Dès que vous avez atteint ce niveau, vous pouvez commencer à investir le surplus avec méthode.
Utiliser la méthode DCA (Dollar Cost Averaging)
Concernant l’épargne mensuelle, nous privilégions la méthode DCA qui consiste à investir progressivement, à intervalles réguliers, une somme fixe, plutôt que de placer un montant important en une seule fois. Par exemple, si vous avez 30 000 € de trésorerie excédentaire à investir sur 12 mois, vous placez 2 500 € par mois. Cela permet de :
- Lisser le risque d’entrée sur les marchés,
- Éviter d’investir au plus mauvais moment (ex : juste avant une baisse),
- Favoriser une approche disciplinée et sans stress.
Cette stratégie est particulièrement adaptée aux placements en unités de compte (ETF, SCPI, fonds actions…) ou aux contrats de capitalisation multisupports dont nous en parlerons par la suite.
Cartographie des placements par horizon de placement
Pour clarifier la stratégie, on classe les placements selon l’horizon (court, moyen, long), le risque (de perte en capital) et la liquidité (capacité à récupérer les fonds rapidement). En résumé :
- Court terme (< 2 ans) : priorité à la sécurité et à la disponibilité. On y retrouve les comptes à terme (DAT), les OPCVM monétaires (SICAV/FCP trésorerie) et autres livrets professionnels. Ces instruments sont à très faible risque (capital garanti, fonds garantie) et très liquides (retrait possible sous quelques jours de préavis). Leur rendement brut actuel varie de 2.6% à 3% pour 60 mois (par exemple)
- Moyen terme (2–8 ans) : des solutions intermédiaires alliant sécurité et rendement modéré. On y trouve les fonds obligataires (investis en dettes d’État ou d’entreprise) et les contrats de capitalisation/assurance-vie multisupports. Les fonds euros (dans un contrat de capitalisation) sont garantis et rapportent environ 2–4 % (investis majoritairement en OAT). Les OPCVM obligataires peuvent offrir un peu plus de rendement (3–5 %) à condition d’accepter une volatilité modérée. Le contrat de capitalisation entreprise (disponible pour les SCI, holdings, associations) permet d’investir en fonds euros ou en unités de compte (actions, obligations, SCPI, fonds structurés, private equity…), avec une fiscalité différée (imposition des gains uniquement au rachat).
- Long terme (> 8 ans) : ciblant la croissance du capital, ces placements sont plus risqués et moins liquides. Ils incluent les SCPI/OPCI (pierre-papier) et les comptes-titres/actions. Par exemple, les SCPI procurent un rendement annuel net d’environ 4–5 % (loyers + plus-values potentielles), mais la revente prend plusieurs mois. Un placement en actions (via un compte-titres ordinaire) vise historiquement ~7 % annuel (moyenne long terme), avec risque élevé (bourses volatiles) mais liquidité instantanée. Le private equity (capital-investissement) exige un horizon très long (10+ ans) et comporte un risque très élevé, mais peut offrir des gains nets d’environ 12–14 % annuels sur 10 ans. En somme, on ne peut prétendre à la fois « sécurité » et « rendement élevé » sur les mêmes fonds : un arbitrage est nécessaire (voir le tableau ci-dessous).
Pour résumer simplement, les produits financiers se répartissent selon le couple rendement/risque/liquidité.
Par exemple, les comptes monétaires sont très liquides et sûrs, tandis que les actions ou le private equity offrent de hauts rendements potentiels au prix d’une faible liquidité et d’un fort risque.
Dans la pratique, les entreprises mixtes diversifient : conserver une réserve disponible (CAT, OPCVM monétaire) et investir l’excédent sur le moyen et long terme (fonds euros, SCPI, marchés financiers) en fonction de leurs projets et de leur aversion au risque.
Comparatifs des placements
Placement | Rendement indicatif | Risque | Fiscalité (IS 2025) | Liquidité / Blocage |
Compte à terme (CAT) | ~2–3 % selon durée | Très faible (capital garanti, FGDR) | Intérêts imposés à l’IS (25%), nets de frais | Disponible sous préavis (environ 30 j) |
OPCVM monétaires (SICAV trésorerie) | ~3–4 % (corrélé aux taux court) | Très faible (titres court terme) | Gains nets imposés à l’IS | Liquidité quasi-immédiate (VL quotidienne) |
Fonds obligataires | ~3–5 % (selon échéance) | Faible à modéré (notation obligataire) | Coupons imposés à l’IS | Quotidienne (liquidité marché) |
Contrat de capitalisation (fonds euros) | ~2–3 % (fonds garantis) | Très faible (capital garanti) | Intérêts différés (IS au rachat) | Rachat possible (délai ~30 j) |
Contrat de capitalisation (UC actions/SCPI) | Variable (>5 %) | Modéré à élevé (selon supports) | Plus-values au rachat (IS) | Rachat possible (délai ~30 j) |
SCPI (pierre-papier) | ~4–5 % (loyers) | Risque modéré (immobilier) | Revenus fonciers imposés à l’IS | Faible (vente en moyenne plusieurs mois) |
OPCI (immobilier) | ~3–4 % | Risque modéré (mix immobilier) | Revenus imposés à l’IS | Moyenne (rachat quelques jours avec CTO) |
CTO – actions/ETF | ~7 % (moyenne long terme) | Élevé (marchés boursiers) | Dividendes + plus-values imposés à l’IS (PFU) | Excellente (vente immédiate) |
Fonds diversifiés (actions/oblig.) | ~5–6 % (mix équilibré) | Modéré (risque actions + obligations) | Revenus imposés à l’IS | Excellente (quotidienne) |
Produits structurés | ~5–7 % (selon note) | Modéré à élevé (selon actif sous-jacent) | Imposés comme titres financiers | Blocage généralement long (5–8 ans) |
Capital-investissement (PE/FCPI/FPCI) | ~12–14 % (net) | Très élevé (non coté, perte possible) | Plus-values au rachat (IS) | Très faible (fonds fermés 8–12 ans) |
Cas pratiques selon profils d’entreprise
- PME « prudentielle » : Une entreprise traditionnelle aux perspectives stables (industrie, BTP…) conservera d’abord une réserve de liquidité (CAT, OPCVM monétaire) pour ses besoins immédiats, puis répartira le reste entre produits structurés (rentabilité 5 à 7% par an) et placements immobiliers « pierre-papier » (SCPI) pour améliorer le rendement. Par exemple, sur 500 000 € d’excédent de trésorerie, placer 100 000 € en CAT à 5 ans, tout en conservant une disponibilité (clôture anticipée possible). Le reste du surplus peut être alloué à une SCPI (rendement ~5 %) un fonds diversifié, private equity, produits structurés ou encore un investissement progressif d’un gros montant, selon l’appétence au risque.
- Start-up post-levée de fonds : Une jeune société à fort potentiel, prête à croître, peut sécuriser une fraction de sa trésorerie (CAT court terme) et investir le reste dans des supports plus dynamiques. En pratique, on privilégiera un compte-titres (accès private equity, produits structurés, obligations, actions…) pour viser des performances élevées. Cette stratégie longue permet de viser des rendements supérieurs (actions ciblant ~7 % de gain moyen) en contrepartie d’une volatilité plus forte, tout en conservant toujours une marge disponible.
- Holding patrimoniale : Une société holding centralise les dividendes de filiales. Pour investir ces liquidités, elle peut souscrire un contrat de capitalisation ou une assurance-vie dédiée (gestion personnalisée), et acquérir des parts de SCPI ou des fonds actions. Grâce au régime « mère-fille », les dividendes remontés vers la holding sont en quasi-exonération (95 % des dividendes sont détaxés), ce qui permet de réinvestir l’essentiel des 100 % de la trésorerie disponible. Ce montage fiscal permet de ne retirer les fonds que lorsque les besoins se font sentir, sans subir immédiatement l’imposition sur les plus values. Par exemple, 50 000 € remontés vers la holding peuvent être entièrement réinvestis (au lieu de ne conserver que 35 000 € net après PFU si retirés directement via dividende personnelle). En résumé, la holding privilégiera des enveloppes à fiscalité différée (contrats de capi, SCPI en usufruit, etc.) pour maximiser la capitalisation à long terme.
Bonnes pratiques et erreurs à éviter
- Diversifier les placements : Ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Répartir son excédent entre différents produits réduit le risque global. Par exemple, combiner quelques CAT (sécurité), un fonds euros (sécurité + rendement modéré) et un fonds actions diversifié permet de limiter l’impact d’une éventuelle baisse de l’un ou l’autre de ces marchés. Le manque de diversification (« tout ou rien ») est une erreur courante qui diminue la performance globale.
- Définir des horizons clairs : Il faut réserver une partie de la trésorerie aux dépenses ou imprévus à court terme (disponibilité sous 1 an) et n’investir en supports illiquides que la trésorerie réellement excédentaire. Verrouiller des fonds sur 10 ans pour un besoin prévisible dans 2 ans serait une faute.
- Contrôler frais et conditions : Vérifier les frais de gestion (fonds, mandat, gestion pilotée) et les conditions de sortie (pénalités éventuelles). Par exemple, clôturer un CAT avant échéance peut réduire l’intérêt net. De même, les OPCVM et produits structurés peuvent avoir des frais importants qu’il faut regarder (frais de souscription, de gestion, de performance) afin qu’ils ne grignotent pas le rendement.
- Attention à la fiscalité : Les entreprises sont imposées à l’IS (25 % en 2025) sur les intérêts, dividendes ou plus-values. Mettre l’argent dans un contrat d’assurance-vie / capitalisation reporte cette imposition au retrait, ce qui est souvent un avantage. Omettre cet aspect peut faire perdre une part importante (PFU) lors du versement de dividendes en nom propre.
- Tenir compte de la réglementation : Par exemple, un compte-titres professionnel requiert un Code LEI et doit respecter certaines règles spécifiques. Il est souvent utile de passer par un conseiller en gestion de patrimoine spécialisé pour simplifier les démarches et bénéficier d’options de gestion (gestion sous mandat par exemple).
- Surveiller régulièrement : Les marchés évoluent (taux, inflation, réglementation). Il faut revoir périodiquement l’allocation (au moins une fois par an) et ajuster (arbitrer vers plus de sécurité ou de rendement) selon les nouvelles conditions. Une trésorerie bien gérée est dynamique, pas figée sur un seul produit.
Recommandations concrètes de mise en œuvre
- Banques et FinTech spécialisées : De nombreuses banques en ligne offrent des solutions de trésorerie aux entreprises (Comptes Professionnels rémunérés, comptes à terme via plateformes spécialisées comme Raisin). Certaines fintech proposent des comptes-courant pro avec intégration de gestion pilotée (Qonto–Yomoni par exemple). Les grandes banques (BNP, SG, LCL, etc.) proposent aussi des OPCVM monétaires, comptes à terme et contrats d’assurance-vie professionnels. Comparez les taux (négociez-les en jouant la concurrence) et privilégiez les établissements sécurisés (voir garantie FGDR).
- Plateformes de collecte : Pour les placements de moyen/long terme, des plateformes de crowdfunding (prêts aux PME), crowdfunding immobilier ou d’investissements en capital existent (Wiseed, Anaxago, Lendopolis…). Ils offrent un rendement potentiellement supérieur (~5–8%) mais avec risque et blocage. À ne considérer que pour une petite partie de la trésorerie (ex. 5–10 %).
- Mandats de gestion : Si l’entreprise n’a pas de trésorerier en interne, il peut être utile de confier une partie du portefeuille à un professionnel (gestion pilotée par un CGP ou organisme de gestion). Un gestionnaire profilera l’allocation (prudent, équilibré, dynamique) et gérera les arbitrages. Cela coûte des frais, mais peut convenir si on manque de temps ou d’expertise.
- Cahier des charges interne : Définir une politique écrite (plafond à court terme, % max en actions, liste de produits autorisés…) aide à encadrer la gestion et à convaincre les commissaires aux comptes ou autorités que la trésorerie est gérée de manière professionnelle. Cela peut inclure la création d’une « réserve de liquidité » correspondant au BFR prévisionnel.
Conclusion
En conclusion, optimiser ses excédents de trésorerie passe d’abord par une bonne planification (horizon, besoin, risque) puis par une allocation diversifiée sur plusieurs supports adaptés. Comptes à terme et fonds monétaires constituent le socle sûr, alors que fonds en euros, SCPI, obligations ou marchés d’actions permettent de chercher un meilleur rendement avec un horizon plus long. Les « dispositifs patrimoniaux » (holding, contrats de capitalisation) facilitent la gestion fiscale et successorale de ces placements. En suivant ces principes et en évitant les erreurs courantes (manque de diversification, immobilisation inappropriée, coûts ignorés), chaque entreprise (de la TPE à la grande holding ) peut faire fructifier efficacement ses excédents de trésorerie.
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Rédigé par
Joël Bounleng
CGP et Président d’Heritium Patrimoine
Joël est CGP et fondateur d’Heritium Patrimoine. Il est passionné par la gestion financière et il souhaite rendre heureux les gens qu’ils rencontrent au quotidien en les guidant leur avenir financier. Avec une approche alliant protection, croissance et sérénité, il souhaite apporter régulièrement des conseils et des explications simples et utiles à travers des vidéos et des articles.
Pour rappel, certaines informations fournies dans ce blog ne sont pas des conseils en investissement mais un cas d’usage partagé uniquement à visée pédagogique. Chaque stratégie répond à des objectifs précis, à déterminer en amont. Investir comporte des risques, et les performances passées ne présagent pas des performances futures.
Avant d’investir, il est recommandé de faire appel à un professionnel.